Le 20 novembre 2021, nous fêtions le 32ème anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant par l’Organisation des Nations unies. Depuis son entrée en vigueur en 1990, cette journée est spécialement dédiée aux moins de 18 ans, dont le nombre est estimé aujourd’hui à 2,2 milliards dans le monde. Dans l’ensemble des pays, les enfants sont les premiers à subir les conséquences psycho-sociales de la crise sanitaire. La France ne fait pas exception. Alors que les élections présidentielles de 2022 approchent, un vaste plan d’action en faveur de leur protection doit constituer une priorité.
Avant le premier confinement était publié le rapport « Un avenir pour les enfants du monde » par l’Unicef, l’OMS et la revue The Lancet. Déjà, il établissait qu’« aucun pays ne protège de manière appropriée la santé des enfants, leur environnement et leur avenir » face aux enjeux d’addictions et aux problèmes climatiques. La pandémie a aggravé cette situation critique, par la hausse de la pauvreté et des inégalités. Aujourd’hui en France, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. La crise a également révélé les failles de la politique de protection de l’enfance dans un contexte de hausse significative des signalements de violences physiques et psychologiques. Face à l’urgence, les récents textes[1] se sont révélés insuffisants.
Les générations futures sont au cœur du modèle d’économie de la vie, basée sur une triple durabilité à la fois gouvernementale, écologique et sociale en donnant la priorité au long terme. Les enfants sont les premiers représentants des nouvelles générations. Pour parvenir à une transition positive globale, il est indispensable que leurs droits, leur épanouissement et leur futur soient au cœur des préoccupations. Les enfants sont en effet les premiers citoyens de la planète, mais seront aussi les premières victimes de sa dégradation.
Pour agir efficacement en faveur de l’ensemble des moins de 18 ans, il faut invertir dans une réforme globale. Les mesures proposées par la commission France Positive 2022[2], construite en lien avec l’Institut, répondent à ces enjeux. Face à l’insuffisance des politiques publiques de l’enfance et de la relégation au second voire troisième plan de cette thématique dans les discours et les actes, les enfants occupent une place au cœur de France Positive.
Nous proposons, au sein du collectif France Positive, de prolonger l’aide sociale à l’enfance jusqu’à 25 ans. Alors que les jeunes sortant de cette aide sociale sont actuellement les premiers à tomber dans la précarité, une sécurisation jusqu’à 25 ans permettrait de prévenir les parcours brisés par un revenu fixe, un logement et un accompagnement psychologique. Nous nous sommes focalisés sur la petite enfance, étape fondamentale dans la construction de tout être humain. Nous appelons ainsi à la mise en œuvre d’un véritable service public de la petite enfance, considérant que chaque individu devrait avoir accès à une place, de droit, en crèche ou en halte-garderie. Ce dernier serait complété par la création d’un Code de l’enfance, comblant les failles du droit actuel. Enfin, nous suggérons l’interdiction de l’accès à tout écran avant l’âge de 3 ans dans les espaces publics recevant des tout-petits. Cette mesure doit prévenir les risques liés au numérique, comme l’atteinte à la vie privée.
Les voix s’élèvent en faveur de la protection des quinze millions de mineurs français. Dans un contexte de bouleversement écologique, la mise en œuvre d’une véritable politique de l’enfance et de sa protection est incontournable pour parvenir à un modèle plus positif. Les enfants sont les premiers à réclamer des progrès plus rapides : près de trois quarts des jeunes qui ont conscience de l’urgence climatique attendent des gouvernements des actions fortes pour y remédier[3]. En 2022, écoutons la voix des jeunes, pour ne pas oublier que toutes les décisions prises touchent d’abord et surtout à leur avenir.
Brune Tavernier, Chargée Plaidoyer
[1] https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b4264_projet-loi
[2] https://www.francepositive.com/les-30-propositions-principales/
[3] https://www.unicef.fr/article/journee-mondiale-de-l-enfance-une-enquete-internationale-et-intergenerationnelle-inedite