À l’issue de treize jours de négociations, la 26ème Conférence des Parties s’est achevée samedi 13 novembre, par la signature du Glasgow Climate Pact. Si le texte promet des avancées, il est sans nul doute peu ambitieux pour contenir la hausse des températures à moins de 1,5°. Composante clé de l’économie de la vie, la protection de l’environnement est indispensable afin de respecter les intérêts des générations futures. Afin de rendre compte de l’impact des décisions prises, leur mesure par un indicateur global est primordiale.
Reportée d’un an à la suite de la crise pandémique, la COP26 fut très attendue, en tant que premier sommet du « monde d’après ». Son principal objectif était de favoriser une véritable mise en œuvre de l’accord de Paris en incitant les États à rehausser leurs ambitions climatiques et à prendre de nouveaux engagements. Lors de la COP21, les États s’étaient engagés à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2°C et à viser les 1,5°C, tout en fournissant 100 milliards de dollars pour aider les pays les plus pauvres à faire face aux conséquences du changement climatique. D’après les plus récentes analyses de l’OCDE, seul 79,6 milliards de dollars ont été rassemblé.
Mais face à ces nombreuses attentes, la conférence de Glasgow s’est terminée sans convaincre. Les pays se sont finalement résolus à signer un texte de 11 pages, malgré les réticences des représentants des États en développement, déplorant le manque de solidarité. Ce dernier est à nouveau basé sur un engagement flou : la réduction de 45 % des émissions de CO₂ d’ici à 2030 (par rapport à 2010), la neutralité carbone au milieu du siècle … À propos des marchés de carbone issus du controversé article 6 de l’Accord de Paris, les négociateurs sont parvenus à un consensus, basé sur le double comptage des crédits carbone et l’annulation automatique de crédits.
Or, aucune mesure de premier ordre concernant la limitation des énergies fossiles (avec le remplacement du terme « sortie » par « diminution ») ou les pertes et dommages provoquées par le changement climatique n’est relevée. La question de la compensation a été largement esquivée, hormis par l’Écosse qui s’est engagée à mobiliser 1,2 millions d’euros. L’adaptation ne représente que 20 % des financements climatiques, alors qu’elle est essentielle pour compenser les pertes liées au climat, qui touchent plus durement les pays les moins développés.
Le sommet avait pourtant bien commencé, donnant lieu à de multiples déclarations. Des signaux encourageants ont été relevés, commençant par le retour américain à la table des négociations avec le président Joe Biden qui estime à la tribune « Nous sommes à un point d’inflexion de l’histoire ». La déclaration commune avec la Chine envoyait également un signal positif, bien que l’absence de son chef d’État fût regrettable. Mais dans le même temps, le Premier ministre indien Narendra Modi, avait affirmé ne viser la neutralité carbone pour son pays qu’en 2070, soit vingt ans de plus que la plupart des pays du globe, qui tendent à s’aligner sur l’objectif de 2050.
En marge de la conférence, les coalitions ont foisonné. Le Global Methane Pledge, initiative lancée en septembre par les États-Unis et l’Union européenne, rallie désormais 105 pays. Il vise à la réduction de 30 % des émissions mondiales de méthane entre 2020 et 2030. Ensuite, le Global Coal to Clean Power Transition Statement, qui rassemble 190 pays et organisations s’engageant à sortir du charbon, jusqu’à la High Ambition Coalition qui appelle à aligner toutes les contributions climatiques sur l’objectif de + 1,5 °C. Les premiers jours de la COP ont ainsi été marqué par ce lancement d’initiatives interétatiques, mais dont la portée réelle restera toutefois à démontrer.
Dès lors, à l’instar des conférences précédentes, le risque de ne pas voir les engagements se traduire par des politiques concrètes est indéniable. Pour suivre les avancées des États, mesurer par un calcul comprenant l’ensemble des variables liées à l’environnement est une condition essentielle. Le suivi des performances climatiques et environnementales ne peut être réalisé qu’avec une comptabilité globale. C’est l’objectif de l’indice de positivité, créé par l’Institut pour établir un cadre de référence permettant d’effectuer des comparaisons à la fois internationales, territoriales ou inter-entreprises. En incluant l’environnement et la lutte pour sa protection de son calcul, le but est également d’encourager la diffusion des meilleures pratiques.
Finalement, l’impulsion donnée lors la COP26, notamment par la mobilisation sociale, peut accélérer la transformation positive des États, si elle se traduit par des politiques concrètes immédiates. L’environnement relie l’ensemble des composantes de l’économie de la vie, de la santé à l’agriculture durable. Seule sa protection et l’investissement massif dans la réorientation de notre économie offriront un cadre viable à la fois pour l’ensemble des habitants de la planète, mais aussi et surtout pour les générations à venir.
Par Brune Tavernier, Chargée Plaidoyer