Consultation citoyenne covid-19 : comment cette crise sanitaire inédite a-t-elle modifié les comportements des citoyens ? Quels sont désormais les principaux changements attendus ?
Suite à cette crise sans précédents, l’heure est maintenant au bilan. Il apparaît essentiel de tirer les enseignements nécessaires afin d’éviter à tout prix un « retour à la normale » qui, nous l’avons vu, a largement montré ses limites. Car, qu’on le veuille ou non, le « monde d’après » est déjà là, et il est désormais urgent de mettre en place des actions concrètes répondant aux attentes de tous.
Dans cet objectif, l’Institut de l’Économie Positive lançait au mois de mai un vaste sondage, visant à faire entendre la voix des citoyens des pays du G20 concernant la gestion de la crise, mais aussi les mesures essentielles pour faire évoluer nos sociétés. Menée auprès de plus de 6000 personnes, cette consultation met notamment en lumière l’intérêt des citoyens pour les thématiques liées à l’environnement, la solidarité, la santé et l’amélioration des conditions de vie de tous, démontrant toute l’urgence d’accélérer dès aujourd’hui la transition vers une société plus positive.
Gestion de la crise : des citoyens globalement défiants
Malgré les nombreuses mesures mises en place pour tenter d’enrayer l’épidémie, les citoyens interrogés ont globalement estimé que les gouvernements n’avaient pas été à la hauteur pour gérer la crise. Avec un NPS (Net Promoter Score, un outil permettant de mesurer la satisfaction) négatif à -17, les citoyens se sont montrés critiques à l’égard des stratégies adoptées par leurs instances gouvernementales. Des sentiments toutefois contrastés, traduits par d’importantes disparités selon les pays. Ainsi, avec un NPS respectif de -70 et -67 le Japon et la France s’imposent comme les pays les plus critiques envers leurs gouvernements, quand la Chine (+73) et l’Arabie Saoudite (+59) s’estiment au contraire satisfaits des stratégies adoptées.
Si les problématiques liées à pénurie de masques et le manque de places dans les hôpitaux ont fait polémique au plus fort de l’épidémie, c’est d’abord le manque de réactivité qui a été fustigé par les citoyens détracteurs (à hauteur de 56%) quand les citoyens satisfaits ont salué des mesures claires et annoncées de manière appropriée (72%).
Replacer la solidarité au cœur du débat : l’objectif de la consultation citoyenne covid-19
Si la crise a profondément chamboulé nos habitudes, elle a également conduit à une certaine forme de remise en question de nos modes de vie. C’est le cas pour 85% des répondants, qui affirment avoir observé un changement de valeurs qui devrait perdurer après la crise. Parmi les valeurs les plus citées, on retrouve la reconnaissance envers l’utilité des autres citoyens (42%), l’assistance aux personnes plus vulnérables (36%), la prise en compte de la façon dont nos actions peuvent impacter les autres (35%), et enfin le fait de se sentir davantage concerné par autrui (34%). Partagée par la quasi-totalité des pays du G20, l’importance croissante accordée par les citoyens au rapport à autrui atteste de la nécessité de remettre le collectif en avant pour poser les bases d’une société durable et solidaire.
Par ailleurs, la majorité des citoyens estiment que la crise aura un impact sur au moins un de leurs comportements. Parmi les principales résolutions, les répondants ont cité la volonté de passer davantage de temps avec leurs proches, mais aussi celle de consommer plus local, de recycler davantage ou en réduire ses déchets, ou encore de privilégier les produits bio ou meilleurs pour la santé. Des résultats qui témoignent d’une forte volonté de se tourner vers un mode de vie responsable et vertueux, qui démontre alors toute la nécessité d’accélérer la transition vers une société et une économie plus positives.
De même, certaines pratiques liées au « monde d’avant » diminueront en fréquence : le tourisme et les voyages en avion, les trajets en voiture et la consommation de façon générale. Mais c’est aussi le cas des sorties au restaurant, des sorties culturelles et des activités extérieures, exprimant une certaine méfiance quant à la résurgence potentielle de l’épidémie.


Des citoyens avides de changement, résultat de notre consultation citoyenne covid-19
Relativement critiques à l’égard des gouvernements mais bien décidés à changer leurs habitudes, les citoyens ne veulent pas que l’après-coronavirus ressemble à l’avant. Pour gérer l’après-crise, 67% des interrogés se disent même prêts à des sacrifices de court-terme si cela peut permettre de mettre en place des solutions à long-terme, confirmant ainsi une certaine prise de conscience collective quant au rôle de chacun dans la création du « monde d’après ».
Plus que jamais, les citoyens espèrent aujourd’hui un changement profond. Ils sont 96% à avoir répondu en ce sens, en privilégiant les thèmes du rapatriement de la production des produits essentiels (36%), de la protection des personnes vulnérables (33%) et de l’environnement (33%). Mais surtout, c’est le thème de la santé qui arrive largement en tête (57%) des préoccupations dans l’ensemble des pays du G20. Si la pandémie a révélé la fragilité de nos systèmes de santé, les citoyens réclament désormais des améliorations sur les thèmes de la qualité des hôpitaux publics, du coût des soins et des conditions de travail du personnel soignant
La crise comme vecteur d’une transformation positive
De façon générale, la pluralité des actions concrètes souhaitées par les répondants témoigne de la nécessité d’un changement global de paradigme. La relocalisation de la production, et notamment de matériel médical, la mise en place d’une meilleure protection sociale, la réduction de la pollution ou encore l’amélioration du système éducatif s’imposent comme autant de chantiers essentiels pour les habitants du monde entier.
Des problématiques qui se trouvent au cœur de la démarche de l’Institut de l’Économie Positive pour une transformation qui prenne en compte les intérêts de tous les citoyens, mais aussi ceux des générations futures. Et parce que cette sortie de crise représente indéniablement une opportunité historique de repenser nos modèles, l’Institut a fait appel à un comité d’experts dans le but de traduire les résultats de ce sondage en une série de recommandations concrètes. Elles seront présentées aux leaders des pays du G20 à l’occasion du prochain sommet de novembre, avec l’ambition de transformer cette situation inédite en accélérateur de l’économie positive.


