Tribune Dentons : créer un indice de positivité des pays émergents - Global Positive Forum 2020
Ceci ne pourra se faire sans aborder la question de la dette et de l’accès aux financements. Un changement de paradigme est primordial pour consentir aux pays émergents une remise, voire un effacement au moins partiel de leurs dettes souveraines. Sans quoi tout nouveau financement ne fera qu’aggraver un endettement déjà souvent problématique.
Tout nouveau concours financier devra être consenti à des conditions financières pérennes et équilibrées, afin de garantir aux Etats débiteurs une marge de manœuvre suffisante pour assurer leurs missions d’intérêt général. La crise actuelle offre une occasion unique de recourir à des outils financiers innovants. Comme l’a montré le succès des « obligations vertes », le marché obligataire dispose d’outils pour répondre aux besoins de financement rendus nécessaires par les défis sociaux. La crise sanitaire constitue un terrain propice pour décupler le recours aux « obligations sociales », dont les fonds ont vocation à financer des projets œuvrant pour le bien commun.
Enfin, mettre la finance au service de l’émergence de l’économie de la vie implique également de sortir du cadre traditionnel d’une notation strictement financière des Etats emprunteurs et de placer le curseur sur d’autres données révélatrices de la transformation de nos sociétés. Alors que les agences de notation prennent en compte les seuls facteurs de solvabilité et ratios macroéconomiques de l’Etat emprunteur, il faut démocratiser le recours à de nouveaux outils tel que l’indice de positivité des nations, développé par l’Institut de l’Économie Positive. Cet outil mesure la transition des Etats vers une économie positive, au-delà de simples critères financiers. Un tel instrument permet par exemple d’appréhender, au sein d’une note globale, la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique ou la proportion du PIB consacrée à l’éducation. Outil transparent pour permettre aux acteurs de la finance d’orienter leurs investissements vers des Etats vertueux, la création d’un indice spécifique pour les pays émergents serait un gage d’équité pour ces derniers, qui ne seraient alors plus évalués sur les seules données économiques. Enfin, cela permettrait d’estimer leur progression dans le temps, avec des critères objectifs et adaptés.
Le combat planétaire qui s’est engagé contre le coronavirus est l’occasion unique de redéfinir les priorités du « monde d’après » et donc de repenser les outils de financement et de notation nécessaires à leur mise en œuvre.
David Syed, Partner chez Dentons, Avocat à la cour et Président de Positive Planet UK